Emprunter sur 40 ans pour acheter un logement : est-ce une fausse bonne idée ou une solution d’avenir ? Alors que les prix de l'immobilier restent élevés et que les taux d'intérêt se stabilisent autour de 3 %, certains assureurs et banques testent des formules extrêmement longues. Mais derrière la baisse des mensualités se cache un coût global du crédit bien plus lourd.
La formule inédite de Vivium/P&V
Depuis peu, l’assureur Vivium (groupe P&V) propose des prêts hypothécaires sur 40 ans. Ce produit vise à réduire le montant des mensualités et à améliorer la capacité d’emprunt des jeunes ou des ménages modestes.
Par exemple, un emprunt de 250.000 € sur 40 ans à un taux fixe de 4,35 % donne une mensualité de 996,71 €. Sur 25 ans, cette mensualité monte à 1.289,92 €. Une différence mensuelle non négligeable.
Mais sur la durée, le coût total du crédit explose : plus de 510.000 € sur 40 ans, contre environ 441.000 € sur 25 ans. Soit 69.000 € d’intérêts supplémentaires pour « gagner » quelques centaines d'euros par mois.
Les banques traditionnelles restent prudentes
Si Vivium prolonge cette formule en raison d'une certaine demande, les grandes banques belges sont plus réservées. BNP Paribas Fortis, Belfius, KBC, CBC, Crelan et Beobank limitent toujours leurs prêts à 25 ou 30 ans maximum.
Beobank déconseille même de dépasser 25 ans, estimant que le gain mensuel est marginal par rapport au surcoût total. ING reste en observation, sans proposer encore ce type de crédit.
Pourquoi ces prêts très longs suscitent de l'intérêt
- Accessibilité accrue : En étalant l'emprunt, les mensualités diminuent, facilitant l’accès à la propriété pour les jeunes ou les ménages à revenu irrégulier.
- Tension sur les prix : L'immobilier reste cher, en particulier dans les centres urbains. Un prêt plus long permet d’emprunter davantage à revenus constants.
- Contexte de taux stabilisés : Si les taux restent autour de 3 à 3,5 %, le moment semble propice pour s'engager sur le long terme.
Les risques à ne pas négliger
- Coût total du crédit : Les intérêts cumulés explosent avec la durée.
- Durée d’engagement : Un crédit de 40 ans engage jusqu’à un âge avancé. En cas de revente anticipée, des frais ou des pénalités peuvent s'appliquer.
- Manque de flexibilité : Certains produits à très longue durée sont moins adaptés aux changements de vie (mobilité, divorce, changement de revenu).
Une solution à manier avec stratégie
Pour certains profils, un prêt sur 40 ans peut représenter un tremplin vers l’accession à la propriété. Mais il doit s’intégrer dans une stratégie globale :
- Possibilité de rembourser par anticipation si la situation le permet
- Suivi régulier du budget et capacité d’épargne parallèle
- Simulation de scénarios en cas de revente, d’accident de la vie ou de hausse des charges
Conclusion
Les crédits hypothécaires sur 40 ans posent une vraie question : faut-il privilégier un pouvoir d’achat mensuel plus confortable ou un coût total maîtrisé ? Pour les primo-accédants et les profils jeunes, la réponse dépend de la stabilité de leurs revenus, de leur capacité à épargner et de leurs projets de vie. Le produit existe, mais il n’est pas encore massivement adopté. Prudence et analyse s'imposent.